Jean-David Haddad, Rédacteur en chef de Francebourse.com et de ses deux lettres confidentielles ("La Quinzaine de Francebourse" et "Les Pépites du Rendement") depuis 2001, éditeur avec JDH EDITIONS et sa collection phare "Les Pros de l'Eco", interviewe Romain Daubry, analyste chez Bourse Direct, chroniqueur sur BFM Business.
L'interview porte sur les produits à effet de levier en bourse (warrants, options, SRD, etc), à l'occasion de la publication du livre de Romain Daubry, "Trading à effet de levier" chez JDH EDITIONS en octobre 2023.
Un livre, en vente partout qui s'est déjà vendu à plusieurs centaines d'exemplaires.
JDH - Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’interviewer l’un de nos auteurs phares désormais, à savoir Romain Daubry, qui, dans la collection Les Pros de l’Éco de JDH EDITIONS, a écrit un livre que nous avons publié en novembre 2023 et qui a déjà fait beaucoup parler de lui : Trading à effet de levier. Bonsoir Romain, et merci de répondre à mes questions ce soir.
Bonsoir Jean-David, bonsoir à toutes et à tous.
Trading à effet de levier : il y a deux choses dans ce titre, le mot « trading » et les mots « effet de levier ». Je sais que le mot « trading », c’est moi qui y ai tenu, vous n’y teniez pas particulièrement, mais vous vouliez absolument qu’il y ait les mots « effet de levier ». Pouvez-vous nous dire rapidement pourquoi vous ne teniez pas particulièrement au mot « trading » ?
Parce que c’est réducteur de ce qu’on peut faire avec l’effet de levier. Le trading, c’est la disci-pline phare, c’est ce que l’on connaît du marché avec ses avantages et ses inconvénients, avec tout l’aspect péjoratif qu’on peut associer au trading, la spéculation, etc. Or, l’effet de levier, en revanche, c’est quelque chose d’extraordinaire sur les marchés boursiers ; dans la vie en général, mais sur les marchés boursiers aussi quand c’est bien utilisé. Ce dont on s’est aperçu depuis des années, c’est que le levier a été créé en Bourse avant tout pour être un outil de couverture, c’est la première chose. Ensuite, les dérives qui en ont été faites permettent de faire ce qu’on appelle de la spéculation brutale, etc., mais ce n’est pas la seule chose qu’on puisse en faire.
Très bien, mais lorsqu’on fait du levier, vous êtes d’accord que dans la plupart des cas, ce ne sont pas des positions qu’on tient pour quelques années ? Ce sont quand même des positions de court terme ? Donc du trading…
La plupart du temps, ce sont des positions de court terme ; maintenant, dans le cadre d’une stratégie de couverture ou dans des stratégies de produits structurés, de produits équilibrés, ce sont des positions qui peuvent être conservées, disons, au maximum 1 à 2 ans ; il y a des produits structurés qui durent bien plus longtemps que cela, mais ce n’est pas la base.
Donc on reste dans le cadre de ce qu’on appelait autrefois, et qu’on appelle toujours, « core trading », c’est-à-dire qu’on n’est pas sur de l’investissement mais sur des positions un peu longues, cependant ça reste du tra-ding ; c’est pour cela que j’ai voulu qu’il y ait le mot « trading » dans le titre, parce qu’on n’est pas sur des investissements qu’on va tenir pendant 10 ans comme de l’investissement fondamental par exemple.
Non effectivement, ça va venir en complément d’un investissement, et l’idée est que justement on peut faire énormément de choses avec le levier et qu’on méconnaît trop. Il y a avant tout effectivement la couverture, l’optimisation des positions, on peut également utiliser la valeur-temps, la tendance, l’absence de tendance, et donc c’est tout ce que je voulais vous montrer en plus du trading qui est un complément.
Maintenant que nous avons parlé de la temporalité du levier, que peut-on faire du levier lorsqu’on investit en Bourse ?
On peut faire énormément de choses avec le levier. La première chose qu’on connaît du levier, c’est le trading, la discipline un peu phare, un peu reine, la plus compliquée, celle qui, malheu-reusement, fait perdre le plus d’argent notamment aux clients particuliers, alors qu’il y a énor-mément d’autres choses qu’on ne connaît pas et qu’on n’utilise pas assez avec le levier. La pre-mière chose, c’est la couverture, la protection. L’objet de mon livre est justement d’expliquer comment le levier est construit. C’est simple : le levier, c’est utiliser une petite somme pour pouvoir avoir une exposition plus importante ; ça permet donc en premier lieu, grâce à cela, de protéger et d’équilibrer les positions. Ça permet aussi d’exploiter une tendance ou une absence de tendance : je détaille dans mon livre les produits comme les options ; ce n’est pas un livre de pricing d’options mais un outil pour comprendre le mécanisme des options à effet de levier, qui permet d’exploiter l’absence de tendance, c’est-à-dire que pour une grande partie du temps, les marchés ne font rien entre 30 % et 60 % du temps, ils sont sans tendance.
Et donc même quand les marchés sont sans tendance, on peut prendre du levier et gagner avec le levier ; je pense que c’est là un message essentiel de votre livre, parce que beaucoup de gens qui investissent en Bourse, des tra-ders, des boursicoteurs, pensent que le levier est adapté lorsque le marché monte ou baisse, mais en fait non, le levier peut être aussi utilisé lorsqu’il y a une absence de tendance.
Exactement, ce n’est pas un outil exclusivement directionnel. C’est aussi un produit qui permet par exemple d’optimiser des positions, c’est-à-dire qu’on n’entre pas toujours au meilleur mo-ment sur une position, ou alors on peut entrer au très bon moment mais vouloir la renforcer, ça permet de dynamiser…
Les straddles et les strangles par exemple ? On ne dira pas ce que c’est pour laisser les lecteurs le découvrir.
Exactement, il y a aussi des stratégies qu’on peut combiner, c’est-à-dire qu’on peut encadrer un marché et créer des scénarios des plus simples aux plus complexes en utilisant le temps, la ten-dance, l’absence de tendance, la volatilité, donc le stress du marché ou l’absence de stress.
Mon cher Romain, lorsqu’on utilise le levier, il y a des bonnes et des mauvaises pratiques : on peut vite s’appauvrir comme on peut vite s’enrichir avec le levier, c’est bien connu et c’est aussi ce que vous montrez dans votre livre à travers quelques anecdotes. Il est important de souligner qu’il y a des anecdotes, des histoires vé-cues qui émaillent votre livre.
Bien sûr. Malheureusement, le levier, comme on l’expliquait, est souvent utilisé et perçu comme un outil de trading, de spéculation à court terme, pour prendre du risque, mais en fait, ce doit être pris au contraire comme un outil de maîtrise du risque. C’est ce que j’essaye d’expliquer et d’ailleurs je le vois encore parmi les commentaires, il y a toujours une appréhension par rapport à ça : « le levier, c’est dangereux, on va tout perdre », oui, bien sûr, si on ne comprend pas les produits en eux-mêmes, la structure des produits, leur fonctionnement, et si on les utilise mal, et la dernière chose, c’est si on connaît mal son profil d’investisseur, il faut bien comprendre cela. Donc oui, il y a effectivement quelques anecdotes dans mon livre pour illustrer les bonnes pratiques ou les mauvaises, les succès ou les échecs, pour bien faire comprendre que c’est avant tout une compréhension de soi pour l’investisseur et ensuite une compréhension du produit.
Venons-en justement aux produits : pourriez-vous lister ceux dont vous parlez ? SRD, Warrants, Options, etc. Sans les détailler, pour que les lecteurs puissent les découvrir.
Dans les produits d’origine les plus connus, il y a le SRD, ensuite les options et les futures, qui sont la base par laquelle passent tous les autres produits que l’on appelle produits émetteurs – warrants, turbos, certificats à levier notamment – puis les CFD, dans les années 2000, les pre-miers vers 2006-2007, qui venaient du spread betting, du pari. Les Anglais étaient très bons pour organiser les paris, ils se sont aperçus que s’ils étaient capables de faire une cote, ils pou-vaient coter des produits boursiers. Donc il y a toute cette génération de produits ; tous ont des avantages et des inconvénients. Il ne s’agit pas de faire un match entre ces produits, parce que certains ont des avantages, d’autres des inconvénients, et vont correspondre au profil de cha-cun, donc c’est en fonction de cela qu’il va falloir les déterminer ; ce n’est pas un match, mais une compréhension et une distinction entre chaque produit.
Pour terminer, il y a une chose importante que vous abordez dans ce livre : votre marque de fabrique, qui est la mesure du sentiment. Vous pourriez la breveter ; d’ailleurs, on ne peut pas déposer une idée à l’INPI, mais maintenant que vous avez un livre, vous avez l’antériorité là-dessus. Qu’est-ce que c’est, la mesure du sentiment ? Car vous êtes le seul en France à en parler.
Ce n’est pas de moi, j’aurais été très fier de l’inventer, mais j’ai repris les travaux de mes pairs, je m’y intéresse beaucoup, il y en a quelques-uns mais c’est vrai que nous sommes peu, et sur-tout on n’utilise pas les gros outils, on les mesure nous-mêmes.
Donc, de quoi s’agit-il exactement ?
Il s’agit d’utiliser justement ces produits à effet de levier parce que ces produits ont des posi-tions déclarées. Pour faire simple sur les futures et les options, on peut détecter grâce aux fu-tures la pression, la force d’un mouvement, et grâce aux options le sentiment des opérateurs. Il y a ce qu’ils déclarent, quand ils disent qu’ils sont investis, qu’ils sont optimistes, etc., et puis il y a ce qu’ils font réellement.
Il y a parfois un décalage, qui montre qu’ils ne sont pas honnêtes, quelque part ?
Ils sont contradictoires, et donc les options permettent de détecter qu’il y a un écart, donc de détecter de façon objective quel est leur état d’esprit et donc de voir ce qu’ils font vraiment.
Le ratio put/call ou call/put, c’est ça ?
Exactement. Il permet de mesurer le niveau de protection des portefeuilles. Quand tout le monde est très optimiste sur le marché, on n’a plus d’argent disponible, on investit tout sur les actions, donc il n’y a plus d’argent pour protéger les portefeuilles. C’est alors le signal d’un risque sur le marché parce qu’il y a difficilement de nouveaux entrants, donc le risque est pro-bablement la consolidation, mais encore faut-il qu’il y ait un élément pour déclencher cette baisse ou cette consolidation. Concernant les futures, c’est la mesure de la pression dans un marché. Sur une action, il y a tant de millions, de milliards de titres disponibles et pas un de plus, sauf opération spéciale – augmentation de capital, division des titres, opération sur titres, etc. Mais pour que ces futures, ces produits soient équilibrés – et je l’explique en détail dans le livre – il faut qu’il y ait un nombre de contrats qui soit ajouté ou diminué, et cela permet de mesurer de façon objective l’intérêt dans le marché.
Et dans le livre, vous donnez tous les outils pour aller mesurer cela ?
Exactement.
C’est important. Un dernier mot, Romain Daubry ?
Eh bien, il y a aussi dans le livre des éléments très importants pour apprendre à se connaître, pour déterminer son profil boursier, les bonnes questions à se poser…
Cela revient régulièrement dans les livres de Bourse depuis une dizaine d’années. D’ailleurs, sur FranceBourse.com, j’ai été un des premiers dans les années 2000 à faire un test en ligne, qui est toujours disponible, pour savoir quel est mon profil boursier, parce que les gens ignorent parfois s’ils sont plus faits pour être trader ou pour être rentier – je prends là deux extrêmes, parce qu’entre les deux, il y a tout ce qu’on appelle les boursicoteurs et les investisseurs.
Effectivement, la différence entre trader et investisseur, ou les deux, puisqu’on peut être les deux, c’est de distinguer ses positions, ses prises de poosition, et puis les bonnes et les mau-vaises pratiques. Je donne quelques exemples de mauvaises pratiques avec les risques que cela peut représenter, et puis de bonnes pratiques, comment mettre en place des stratégies correctes, etc.
Nous en savons maintenant plus sur ce livre, Trading à effet de levier, de Romain Daubry, collection Les Pros de l’Éco, chez JDH Éditions. Nous avions fait une belle soirée le 15 novembre 2023 pour lancer ce livre ; nous sommes en février 2024 au moment de cette interview, et ce livre fait son bout de chemin, il a connu de très beaux débuts. C’est le seul livre en France qui parle à la fois de produits grand public comme les warrants et de produits beaucoup plus spécifiques comme les options, qui est finalement au carrefour entre des instru-ments utilisés par des gens très chevronnés et des gens plutôt débutants, et les deux sont aiguillés dans la bonne direction grâce à ce livre, vous me le confirmez ?
Je vous le confirme et je voudrais justement remercier tous les commentaires extrêmement positifs que j’ai sur le sujet, il y en a beaucoup qui se retrouvent dans ce livre.
Et il y en aura d’autres, je pense. Justement, ceux qui l’ont lu, n’hésitez pas à mettre des commentaires sur Amazon, car ça aide ce livre à bien se faire remarquer et il le mérite, parce que c’est le seul livre qui démocratise l’effet de levier, qui dit la vérité sur le sujet, et qui permettra demain à des gens de ne pas faire de bêtises, n’est-ce pas ?
On l’espère !
Merci Romain.
Merci à vous.
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