En bourse, il ne suffit pas de savoir acheter et vendre les bonnes actions au bon moment. En effet, si on achete un titre, il faut parfois être capable de tenir la distance, ou au contraire de vendre très vite. Cette gymnastique demande un contrôle de ses émotions, car il ne faut jamais agir sous le coup de celles-ci.
Le marché est émotif… Face à lui, il faut au contraire faire preuve de rationalité et de détachement. Il est donc crucial de savoir gérer ses émotions. On peut être émotif dans son cadre familial, professionnel, relationnel, mais pas avec son portefeuille. Ce n’est pas pour rien que se développe le « boursicoaching » qui consiste précisément à travailler sur soi, lorsqu’on investit en bourse. Il sera plus facile de se contrôler face à une hausse tranquille de son portefeuille, que face à une baisse de celui-ci ou face à une hausse brutale. Voici quelques techniques et stratégies qui vous permettront de bien gérer tout le côté émotionnel.
Tout d’abord, nous insistons sur deux préceptes cruciaux :
- L’importance de diversifier son portefeuille.
La diversification est une manière de trouver LA « pépite » qui gagnera 2000%… mais c’est aussi une manière de ne pas paniquer si une ligne est fortement déficitaire, car les autres seront là pour compenser. Même avec 5000€, on peut acheter 5 lignes… En dessous de 5000€, on n’investit pas en bourse !
- Ne pas investir en bourse l’argent dont vous avez besoin à court terme ; cela est un principe de base. A partir de là, vous serez déjà plus « zen », vous ne vous direz pas ! « comment je vais faire si ceci ou si cela »Restent des cas qui sont de purs générateurs d’émotions : la hausse brutale et la baisse brutale d’une action.Comment y faire face ? Voici nos techniques, développées par Jean-David Haddad, en collaboration avec un psychologue.
Vous avez cette action en portefeuille : L’émotion qui vous menace c’est l’euphorie, doublée d’un sentiment de toute puissance.
Il ne faut pas céder.Ne vous dites pas : « super ! c’est gagné, je suis le meilleur ! ». Cela vous inciterait à renforcer, ce qu’il ne faut pas faire systématiquement. Les cas où il faut pyramider à la hausse sont rares. La plupart du temps, il faudra vous contenter de laisser courir vos gains. Ne vous précipitez pas à vendre quand vous voyez une action qui gagne 8% par jour… En revanche, n’hésitez pas à alléger ! Vous pouvez très bien vous fixer une règle de vente qui corresponde à votre profil psychologique.
Si vous êtes un anxieux : allégez de moitié quand vous faites +30%, puis allégez encore de moitié à +60%, puis vendez tout à +100%
Si vous êtes un rêveur : allégez d’un tiers entre +75% et +100%, puis encore d’un tiers à +150%, et gardez le dernier tiers pour la postérité ! Votre investissement sera plus que remboursé, et vous aurez l’espoir de faire le coup du siècle avec un +2000 ou +3000% !
Vous n'avez pas cette action en portefeuille :
Le cas est moins enviable. L’émotion qui vous menace c’est l’envie doublée d’une certaine frustration.
Car vous assistez à la hausse, sans y participer, ce qui peut induire inconsciemment un sentiment de frustration et de jalousie. Deux types d’émotions qui peuvent vous inciter à vouloir vous « venger » et donc à faire n’importe quoi, ou pire, à murir votre vengeance…La bonne méthode, c’est de ne pas attendre. Concoctez-vous des listes d’actions qui vous intéressent, et quand vous en voyez une qui décolle dans de forts volumes, achetez ! N’attendez pas qu’elle double ou qu’elle triple ! Ne vous dites pas qu’après une hausse de 100 ou 200% vous prendrez moins de risques, c’est FAUX ! Ne vous concoctez pas votre vengeance contre ceux qui gagnent, vous y perdrez. Plus un titre monte, plus il a des chances de corriger, et donc de baisser. Si vous avez raté la hausse, ne désarmez pas… Attendez une correction (elle arrivera un jour ou l’autre) et là vous rentrerez sur la valeur.
La précipitation à vouloir acheter un titre qui monte sera votre pire ennemie, car elle vous incitera à passer des ordres au marché, ce qu’il ne faut jamais faire.
Vous avez cette action en portefeuille :
Le cas est très délicat !
L’émotion qui vous menace est tout simplement la peur, doublée d’une certaine panique.
C’est là qu’il faut savoir faire preuve de beaucoup de sang-froid et de pragmatisme. Votre vie n’est pas en danger, dites-vous cela ! Ce sera une première chose. Pensez aux gens que vous aimez, pensez à vos vacances… Bref, détournez votre pensée de la bourse, cela vous permettra de revenir plus serein sur le cas qui se présente à vous.Dites-vous ensuite que votre patrimoine n’est pas en danger car votre portefeuille est diversifié et que vous n’avez pas placé l’argent dont vous allez avoir besoin (c’est là que vous voyez l’utilité de nos deux préceptes de base). Comment agir ? il y a 3 possibilités. Le choix de l’une d’entre elles dépendra de l’action dont il s’agit ainsi que de votre tempérament.
1ère possibilité : moyenner à la baisse.
Dans quels cas ? Cette méthode, très dangereuse, sera à réserver aux personnes capables de prendre du recul sur leur argent. Elle ne concernera que les titres sur lesquels vous gardez de l’espoir et sur lesquels vous pensez que le marché se trompe. Exemple : Alstom en août 2004. Il s’agira de doubler votre position à –50% par exemple, puis de la doubler encore à –50%. Sauf en cas de faillite, il y aura forcément un rebond… qui vous permettra soit de sortir, soit de laisser vos plus-values se faire. La diversification permettra de prendre des bénéfices sur une ligne gagnante pour les investir sur la ligne perdante. C’est ce que nous avons fait dans le portefeuille QI avec Infogrames tout au long de 2004 et du 1er semestre 2005. Moyenner à la baisse exige de croire très fort en soi, en ses capacités… Moyenner à la baisse exige de se dire que le marché se trompe, et se placer d’emblée au dessus du lot. Cela peut demander une préparation.
2ème possibilité : faire le gros dos.
Il s’agit cette fois de ne rien faire. La politique de l’autruche : on oublie la ligne qui baisse, en attendant des jours meilleurs. C’est ce que feront la plupart des gens, mais ce n’est pas une bonne stratégie. Car en bourse, il faut savoir agir ! Cette méthode sera à réserver dans le cas de titres qui baissent injustement, et dans le cas précis où vous n’avez pas de liquidités. Donnons l’exemple de Montupet, un titre qui n’a fait que baisser tout au kong du 1er semestre 2005, sans raisons. Il fallait savoir attendre car c’est une très bonne valeur.
3ème possibilité : vendre à perte (couper ses pertes comme on dit)
C’est psychologiquement ce qu’il y a de plus difficile. On a le sentiment d’être un looser, et la frustration vous envahit. Mais c’est à vous de prendre le dessus sur elle… Dîtes-vous bien que vous n’êtes pas un looser, que vous coupez vos pertes pour aller gagner ailleurs, car il y a des milliers d’actions dont certaines feront des 200 ou 300%. L’erreur est humaine, et chacun a droit à son quota de fautes d’appréciation. Cette méthode sera à employer lorsqu’une baisse est justifiée par un changement dans les actualités ou dans les fondamentaux. Beaucoup de gens n’ont pas osé sortir d’Eurotunnel ou Eurodisney malgré la baisse de ces titres, en se disant « je ne peux pas, j’attends que ça remonte ». Ils le regrettent. Il faut donc savoir se couper un bras comme on dit, et passer à autre chose. Faire table rase du passé n’est pas chose facile, mais il faut savoir rêver à des jours meilleurs, ailleurs. Prenez sur vous, soyez rêveurs, et apprenez à couper vos pertes. Là encore, nos deux préceptes de base vous aideront.
Vous n'avez pas cette action en portefeuille :
Le cas n’est pas difficile.
L’émotion qui vous menace c’est le soulagement, pouvant être doublé d’une certaine réjouissance.
Vous allez psychologiquement vous réjouir de cette baisse, c’est humain ! Vous vous direz « oh là : les pauvres, ceux qui possèdent cette action ! Heureusement pour moi, j’en ai pas ! ». Puis un jour, vous vous demanderez si vous n’avez pas intérêt à y aller. C’est là qu’il faudra étudier le dossier en profondeur, en vous disant bien que vous n’achèterez jamais au plus bas… Il ne faudra pas vous précipiter, il faudra soit se décider d’y aller, de foncer… soit d’attendre le rebond en ratant les 5 premiers points de hausse. Tout dépendra de votre tempérament. Si vous êtes un fonceur qui aimez prendre des risques, optez pour la première solution ; si vous êtes plus prudent optez pour la seconde.